À Fleur de Crâne, Abidjan Côte d’Ivoire, 2025




Je me souviens du jour où, pour entrer en 6e, on m’a rasé la tête. Ce passage vers le collège, censé être joyeux, fut marqué par le silence et la gêne. Dans mon école, comme dans beaucoup d’autres en Côte d’Ivoire, les filles n’avaient pas le droit de garder leurs cheveux.


Aujourd’hui encore, cette règle perdure : dans les établissements publics comme privés, les collégiennes sont souvent tenues de se raser les cheveux, au nom de la discipline, de l’hygiène ou de la neutralité. Cette norme largement acceptée trouve pourtant ses racines dans une pensée coloniale, où le contrôle du corps et l’uniformisation passaient pour conditions de l’éducation. Raser devient un geste d’effacement, d’alignement, rarement interrogé.


À fleur de crâne part de cette expérience intime pour explorer ce que cette règle produit : sur les corps, les gestes, les regards. Réalisée dans des environnements scolaires, la série mêle documentaire et mise en scène symbolique. Mèches tenues à bout de bras, feuilles de bananier comme couvre-chefs, voiles transparents : ces éléments viennent brouiller la norme, réinventer des récits.


Ces images ouvrent une réflexion et posent un regard attentif sur une jeunesse prise dans un système d’attentes, mais traversée par des fictions, des résistances douces, des formes de présence.


À fleur de crâne est une tentative d’archive sensible, entre ce qui est imposé et ce qui cherche à s’inventer, juste là, à fleur de peau, à fleur d’école.
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